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anarchisme de droite - Page 3

  • Paris, c'est foutu !...

    Les éditions Jean-Cyrille Godefroy viennent de publier Paris, c'est foutu !, un essai d'Alain Paucard. Anar de droite et ronchon, Alain Paucard est un polémiste, amateur de vieille pierre et de chanson française, à qui l'on doit, entre autres, Les criminels du béton (Les Belles Lettres, 1991), La crétinisation par la culture (L'Age d'Homme, 2000), Tartuffe au Bordel (Le dilettante, 2013) ou La France de Michel Audiard (Xénia, 2013).

     

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    " Paris, c’est foutu ! Comment pouvez-vous affirmer qu’une des villes les plus visitées, avec son patrimoine, ses salles de spectacle, sa gastronomie, bref, tout ce que « le monde nous envie » est foutue ? Oui, une ville sans son peuple historique, expulsé vers la banlieue dès les années soixante, où les profanations architecturales (les tours, le centre Pompidou, les travaux de Mitterrand) ont cassé les perspectives, une ville que sa municipalité refuse d’agrandir, une telle ville, asphyxiée, est foutue parce qu’elle peut bien offrir les animations les plus saugrenues (Paris-Plage), elle a perdu son âme, son parler et son accent, et le tourisme de masse n’y changera rien.

    Alain Paucard dresse un dernier inventaire, drôle et caustique, le sien, fait de coups de gueule, de rappels historiques mais aussi de promenades personnelles et de souvenirs touchants. "

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  • Profitez des lumières du ciel ! ...

    Nous vous signalons la réédition en collection de poche du roman d'Olivier Maulin, Les lumières du ciel, initialement publié en octobre 2011. Païen, anar de droite, anti-moderne, Olivier Maulin est l'auteur de trois romans particulièrement réjouissants, En attendant le roi du monde (L'esprit des péninsules, 2006), Les évangiles du lac (L'esprit des péninsules, 2008) et Petit monarque et catacombes (L'esprit des péninsules, 2009), ainsi que d'un polar politique bien ficelé et percutant...

    Nous reproduisons, à cette occasion, l'entretien qu'il avait donné à Novopress lors de la sortie de ce roman.

     

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    Rencontre avec Olivier Maulin

    Novopress : Olivier Maulin, votre nouveau roman s’intitule « Les lumières du ciel », ce titre signifie-t-il que vous cherchez, par votre écriture, à rallumer les étoiles que les rationalistes, les matérialistes et les laïcistes pensaient avoir définitivement éteintes au début du siècle ?
     
    Olivier Maulin : “Nous avons éteint dans le ciel des lumières qu’on ne rallumera plus” clamait en effet fièrement René Viviani à la Chambre des députés en 1906. On croyait alors que l’homme serait plus heureux dans une humanité scientifiquement organisée, sans espérance spirituelle, avec pour seul désir celui de combler les attentes matérielles de l’existence, ce qui est la plus belle illusion des deux ou trois derniers siècles d’histoire, illusion dont on n’est évidemment pas sorti. Qui sait pourtant si tout ça ne va pas exploser dans les prochaines années ? Bientôt, il n’y aura plus I-pod, ni télé-aux-coins-carrés, ni cellules psychologiques, ni rien du tout, rien que des hommes tout nus, tout désarmés. Le projet de ce livre a été, dans un premier temps, d’explorer ce monde “sans lumières”, de montrer comment on vivait sous un ciel vide. Et puis j’ai très vite rencontré des petites lumières que Viviani et sa clique d’enténébrés avaient oublié d’éteindre et j’ai soufflé dessus pour les rallumer. En un sens mon livre est un manifeste antilibéral !
     
    Novopress : Si l’on présente votre nouveau roman comme une sorte de « révolte contre le monde moderne » chez les bras cassés, une épopée chaotique à la poursuite de l’étoile polaire en compagnie des laissés pour compte de la Star Academy ou comme un « road-book » écolo-anarchiste invitant à la rupture avec la déshumanisation du règne de la technique, cela vous parait-il assez fidèle à l’esprit du roman ?
     
    Olivier Maulin : On peut le dire comme ça. Il est vrai qu’il s’agit probablement de mon livre le plus “anarchiste”, encore faut-il s’entendre sur le mot. Quand je dis anarchiste, je ne me réfère évidemment pas aux rats en noir de la CNT qui sortent à la pleine lune pour tout casser et qui ne sont finalement que des nihilistes revanchards. Pour moi, l’anarchisme, c’est un sentiment très médiéval, qui peut du reste coexister avec une fidélité royale. C’est ce que porte dans son cœur l’artisan, le paysan, le curé de campagne, le chevalier sans fortune, le petit peuple de France. Pris dans l’horreur de la révolution industrielle, ce petit peuple a compris très tôt les implications ultimes du nouveau système économique qui exigeait d’abolir tout ce qui entravait l’action des individus dans la libre poursuite de leur intérêt bien compris. Le capitalisme originel porte en lui la destruction de la famille, des coutumes et des mœurs léguées par l’histoire. Il est une révolution permanente, c’est ce que refusent de comprendre certains anticapitalistes de gauche qui l’associent à l’esprit conservateur, voire à la Réaction, ce qui est aberrant. D’une manière générale, je crois que la ligne de crête aujourd’hui se situe entre libéraux et antilibéraux, entre ceux à qui profitent le système et ceux qui en souffrent, entre les élites et le peuple pour aller vite. A nous de nous inspirer de toutes les pensées antilibérales, à l’exclusion de celles qui ont mené au totalitarisme (et qui du reste sortent généralement de la même “matrice” libérale), que ces pensées soient d’origine anarchiste, socialiste, populiste ou réactionnaire à proprement parler. Il faut retrouver l’âme du petit peuple de France.
     
    Novopress : Vous semblez avoir une appétence particulière pour les « bras cassés », les ratés sympathiques, les incompétents lunaires, les simplets poétiques…. Voilà un goût qui n’est pas très à la mode dans la France sarkozyste du « travailler plus pour gagner plus…»
     
    Olivier Maulin : En effet, j’aime réhabiliter les disgracieux, les tordus, les mal-foutus, les fainéants, ceux dont la seule présence physique est une insulte faite à la médecine moderne et à l’organisation rationnelle de la société ! Je trouve qu’ils ont des choses passionnantes à dire. Et puis il y a toujours une dimension carnavalesque dans mes livres. La France d’aujourd’hui étant un grand carnaval triste et permanent (avec des ministres lisant Zadig et Voltaire), lorsque l’on organise un contre-carnaval là-dedans, on retombe forcément sur ses pieds. Les fous deviennent sages, les débiles, intelligents, les disgracieux, gracieux. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire.
     
    Novopress : Tous vos ouvrages sont des récits de tentatives d’évasion hors de la modernité. Olivier Maulin, notre époque contemporaine, que vous a-t-elle faite ? Que lui reprochez-vous ? Pourquoi la « détestez-vous » autant ?
     
    Olivier Maulin : Mais je ne la déteste pas ! Je lui trouve même certains attraits, comme on peut en trouver à une vieille pute éclairée au néon. Les périodes de déliquescence sont des périodes fascinantes, il n’y a qu’à lire les polars américains ou même Henry Miller. D’ailleurs, les années à venir vont probablement être très excitantes, et promettent peut-être quelques beaux livres. Ceci étant, il est vrai que nous vivons probablement l’époque la plus sinistre, la plus vulgaire, la plus idiote et la plus liberticide de l’histoire. Ce que je reproche à notre société ? De vouloir crever dans la honte, de tirer de cette unique volonté sa légitimité morale et d’emmerder ceux qui veulent encore vivre.
     
    Novopress : L’une des originalités de votre dernier ouvrage par rapport aux précédents où les issues à la modernité étaient plutôt d’ordre onirique, poétique ou “dyonisiaques”, cette fois vous évoquez une voie pratique et concrète : le « retour à la terre » et la « néo-paysannerie ». Vous croyez véritablement à ce genre de démarches comme réponse possible à la crise économique, civilisationnelle et humaine que nous traversons ?
     
    Olivier Maulin : Jusqu’à présent, les « retours à la campagne », genre mouvement hippie, ont tous été très idéologiques, sans grande chance de succès. Il fallait forcément qu’il y ait des normes imposées, mettre les femmes en commun, se droguer, vivre en communauté, etc. toutes choses finalement tellement artificielles qu’elles s’achevaient en eau de boudin. Mais aujourd’hui, c’est un peu différent, on a un système qui s’effondre sous nos yeux et, fait unique dans l’histoire, on n’a rien pour le remplacer ! Si dans quelques années, il n’y a plus d’Etat, plus de sécurité, plus de prestations sociales, plus de travail et plus rien à bouffer, il me paraît évident que les gens vont se réfugier là où ils pourront cultiver un potager, nourrir trois poules, élever leurs enfants et les défendre avec un bon fusil. Il n’y aura alors aucune idéologie, ce sera de la simple survie : essayez donc de cultiver un potager rue Lafayette ! Les cartes alors seront rebattues. Deux fermes qui font une alliance, c’est le début d’un nouvel âge féodal.
     
    Novopress : Votre ouvrage déborde d’ironie et d’humour mais n’hésite pas pour autant à évoquer des problèmes graves tels que l’immigration, le nihilisme consumériste ou les dérives d’une vieillesse soixanthuitarde qui refuse son âge et la sagesse qui devrait l’accompagner… Pensez-vous que l’on puisse encore rire de tout ?
     
    Olivier Maulin : On peut rire d’absolument tout, et avec tout le monde par-dessus le marché ! L’humour, quand on sait le manier, est une arme absolument formidable. Sans elle, vu l’état des mœurs, je serais probablement devant la 17e chambre correctionnelle de Paris, comme un cave, avec des vieux juges gaga qui me taperaient sur les doigts…
     
    Olivier Maulin (Novopress, 2011)
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  • L'école : un grand pourrissoir ?...

    La revue Réfléchir et agir publie dans son dernier numéro (été 2012), disponible en kiosque, un dossier sur l'école...

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    Au sommaire du dossier :

    L'école : le grand pourrissoir

    Le Pourrissement programmé des esprits

    Paroles de profs

    Les Hauteurs béantes de l'école

    Il était une fois... le bourrage de crâne

    L'Histoire (des vainqueurs)

    Apprentissage et travail manuel : le grand mépris

    L'école privée est-elle la panacée ?

    Etat sociologique de la jeunesse

    L'éducation nationale est-elle réformable ?

    On trouvera aussi un entretien avec Christian Vander, le meneur et batteur de Magma, mythique groupe de jazz-rock des années 70, des articles sur l'anarchisme de droite, sur l'indianiste Alain Daniélou et sur Sergio Leone, génial réalisateur d'Il était une fois dans l'Ouest, et de nombreuses notes de lectures...

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  • Les emmerdeuses ont un dictionnaire !...

    Les éditions Grancher viennent de publier le Dictionnaire des Emmerdeuses - catalogue raisonné des origines à nos jours, de Patrick Gofman. Journaliste et correcteur, Patrick Gofman, qui a notamment collaboré à L'Idiot international et au Choc du mois, est l’auteur d’une dizaine de livres, parmi lesquels Les Blondes préfèrent les cons (Edition des Autres, 1979), coécrit avec Pierre Marcelle de “Libération”, ou l'excellent Cœur-de-Cuir (Flammarion, 1998) dans lequel il raconte son expérience trotskiste (lambertiste...). Il a également écrit Vengeances de Femmes (Fol’Fer, 2011).

     

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    Ce livre d’une drôlerie et d’une mauvaise foi totales nous présente une galerie de portraits au vitriol de femmes emmerdantes. L’auteur balaie Histoire, mythologie et littérature – d’Antigone à Eva Joly – et foule aux pieds toutes les avancées du féminisme. Le lecteur n’en sort pas grandi, mais il se sera bien marré.

    Dolorès Haze : Après vos livres “Bats ta femme”, et autres “Vengeances de femmes”, n’était-il pas temps de vous calmer un peu ?
    Patrick Gofman : Certes ! J’avais bien l’intention de changer de sujet… D’ailleurs il me reste sur les bras d’excellents romans noirs, inédits, “Dernier amour” ou “Une poupée gonflée”. Mais M. Grancher, prestigieux éditeur de Marine, a des arguments irrésistibles. 

     
    Je vois… Mais la loi antisexiste a ses arguments aussi ?
    Rassurez-vous : le “Dictionnaire des Emmerdeuses” ne discrimine nullement les femmes, ces anges de bonté, mais chahute doucement quelques exceptions d’entre elles, un peu moins vivables et sympathiques.
     
    Mais enfin, pour quoi faire ?
    Pour se marrer, en hâte, avant d’être obligé de pleurer.
     
    On se demande si vous n’êtes pas un peu snob, à prendre systématiquement le contre-pied des magnifiques avancées du droit des femmes, promu par tous les médias et toutes les autorités du monde industrialisé…
    En ce cas, je suis en bonne compagnie. Celle d’Eric Zemmour, mais aussi d’Elisabeth Badinter ou encore d’Evelyne Sullerot, féministe repentie devenue marraine de SOS Papa. Sous couleur de droit des femmes, le Système s’attache à humilier les hommes, pour mieux les dominer, les exploiter. Je ne l’accepte pas.
     
    Macho ?
    Mais oui. Pourquoi pas ? Fierté, dignité, protection des femmes et des enfants. Le programme machiste est inégalable. La vaste majorité des femmes le pense comme moi.




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  • Journal d'un mauvais Français...

    Les éditions du Rocher viennent de publier Journal d'un mauvais Français de Christian Millau, la suite de son talentueux Journal impoli (Rocher, 2011). Impertinence et liberté d'esprit au menu !...

     

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    "Les "mauvais Français" qui refusent de marcher au son du clairon du prêt-à-penser vont se régaler. Dans l'irrévérence, l'humour ou la colère, sur fond de campagne présidentielle, Christian Millau bouscule le présent et fait revivre son passé, riche de souvenirs inédits, comiques ou émouvants, littéraires, politiques ou journalistiques. En un bouquet étincelant se croisent des personnages aussi dissemblables que Nicolas Sarkozy et Louis-Ferdinand Céline, François Hollande et Antoine Blondin, DSK et Michel Déon, Marine Le Pen et Gaston Gallimard, Dodo la Saumure et la vicomtesse de Noailles. Après le succès de son Journal impoli, unanimement salué par la critique, le jeune hussard de quatre fois vingt ans est reparti au galop."

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  • Drieu La Rochelle et François Brigneau...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Dominique Venner, cueilli sur son site et consacrée à la publication de Drieu La Rochelle dans La Pléiade et à la mort de l'écrivain et polémiste François Brigneau.

     

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    Drieu la Rochelle et François Brigneau

    La publication ces jours-ci des Romans, récits et nouvelles de Pierre Drieu la Rochelle dans la Pléiade (Gallimard) revêt une signification de plus longue portée que les péripéties politiques du moment.  Le grand suicidé de 1945 a bénéficié du temps qui passe, de la médiocrité de ses imitateurs, de son prestige de dandy romantique, sans compter l’amitié de Malraux, son exécuteur testamentaire. Pourtant que n’avait-on entendu quand fut publié en 1992 son Journal 1939-1945 par Gallimard ! « Les mémoires d’un dandy hitlérien » selon Bernard Le Saulx (le bien nommé) dans L’Événement du Jeudi du 23 avril 1992). « Cette lecture donne la nausée » écrivait BHL dans Le Point du 9 mai 1992. « L’ultra-fasciste se fera clouer aux portes de la grange où l’Histoire exhibe ses petits nuisibles », prophétisait sans crainte du ridicule Bertrand Poirot-Delpech, de l’Académie français, dans Le Monde du 8 mai 1992. « Détestable discours », ronchonnait le même jour François Bott, souvent mieux inspiré. « Un journal d’infamie » pour Jean-Paul Enthoven, Le Nouvel Observateur du 30 avril 1992. « Un pauvre type, sinon un triste con », renchérissait délicatement Angelo Rinardi, dans L’Express du 14 mai, 1992. Renaud Matignon n’avait pas fait tellement mieux que les autres dans Le Figaro littéraire. Les chacals hurlaient à l’unisson.

    Je pensais à ce florilège de basses invectives en lisant dans un journal du soir les commentaires contrastés annonçant deux morts presque simultanées. Dans le numéro du jeudi 12 avril 2012, large photo à l’appui, le journal « de référence » titrait en première page : « La mort de Raymond Aubrac. Un grand résistant disparait à 97 ans. » L’information se poursuivait sur toute la p. 27 (consacrée aux Disparitions). Elle rendait un hommage appuyé à l’ancien agent communiste, membre de l’Union juive française pour la Paix (UJFP), dont le rôle, ainsi que celui de sa femme, Lucie Aubrac (1), reste très discuté et même suspect dans la ténébreuse affaire de Caluire (arrestation de Jean Moulin, le 21 juin 1943). Cela n’a pas empêché de célébrer ces deux personnages équivoques à l’égal de saints. Une société se juge à ses héros.

    Dans la même édition du même quotidien, en haut de la p. 4 (consacrée aux Présidentielles 2012), une information était titrée : « Mort de François Brigneau, ancien milicien et cofondateur du FN ». Quel rapport avec les élections présidentielles ? François Brigneau avait rompu avec le FN depuis 1999. À la différence d’Aubrac qui, dans sa vie publique, ne fut qu’un agent actif et parfois occulte du communisme entre Caluire, Paris, Marseille, Prague et Hanoï, François Brigneau fut surtout un grand journaliste et un écrivain talentueux. Au nom de quoi son existence devrait-elle être réduite exclusivement à des engagements politiques momentanés ? C’est pourtant ce qui était retenu de nouveau dans le même journal du 18 avril, sur quatre colonnes cette fois, titrées « Figure de l’extrême droite français ». Suivait un article rédigé dans le style chaussettes à clous des fiches de police. Le journaliste de service s’était borné à recopier longuement ce que vomissent les officines de délation.

    Né à Concarneau le 30 avril 1919, Emmanuel Allot est devenu François Brigneau en littérature. Il a écrit aussi sous le nom de Julien Guernec, de Coco-Bel-Oeil ou de Mathilde Cruz (pour d’hilarantes chroniques de télévision). L’écrivain était issu d’une famille de la gauche républicaine, fils d’un instituteur socialiste, dont il partageait les idées. Après la défaite de 1940, comme tant d’autres hommes de gauche, il évolua vers le maréchalisme, puis la collaboration franco-allemande. Engagé par bravade dans la Milice après le débarquement de Normandie (8 juin 1944) alors que les « carottes étaient cuites », il n’eut aucune action, échappa miraculeusement aux exécutions sommaires de l’Épuration sauvage. Il fut bouclé à Fresnes pour une grosse année sur la foi d’un dossier vide. Ce qu’il vécut alors à proximité du couloir de la mort, près de l’écrivain et poète Robert Brasillach, fusillé le 6 février 1945, devait le marquer à jamais (2). Il n’avait guère plus de vingt ans.

    Plus tard, dans un livre de souvenirs, Mon après-guerre (Éditions du Clan, 1976), il a narré avec talent son expérience cruelle de l’Épuration et ses difficiles débuts professionnels. Parmi d’innombrables aventures, ses futurs grands reportages au Katanga ou en Algérie, il révèle aussi pudiquement sa rencontre avec la femme de sa vie, mère de ses cinq enfants, la délicieuse Sabine, nièce de Georges Suarez, le premier écrivain fusillé à la Libération. Cela créait des liens… Plus tard, leur petite maison de Saint-Cloud fut à moitié démolie par un attentat de gens qui leur voulait du bien.

    Avec une gouaille ironique qui fait son charme, Mon après-guerre retrace les tribulations du jeune journaliste aussi doué que réprouvé, devant qui les portes se fermaient en raison de son passé. Il eut quand même la chance d’être accueilli par Antoine Blondin, devenu son ami, par Pierre Boutang, Roger Nimier, Jacques Perret et d’anciens camelots du roi, une famille politique qui n’était pourtant pas la sienne. Il en a gardé un souvenir ému qui va plus loin qu’on ne le croit.

    Au lendemain de la guerre, rappelle Brigneau, « comme les autres formations politiques françaises, l’A.F. a explosé. Des camelots, il y en a eu partout, de 1940 à 1945 : à Londres, à Alger, dans les Maquis, déportés dans les camps allemands, à Vichy, dans la Milice, dans la L.V.F., et même dans la Waffen, emprisonnés par milliers dans les prisons de la Liberté, ou enfouis dans les charniers de la Résistance. Certains sont morts qui portaient l’uniforme américain et d’autres le casque allemand. Seule une petite minorité d’initiés et d’intellectuels s’est tenue, pendant quatre ans, en équilibre instable sur la ligne de crête pour la simple raison qu’il est difficile de garder la balance égale entre ceux qui vous tuent et ceux qui vous protègent. Dans le désordre, les puissants remous de la guerre et de la guerre civile, dans l’affrontement général des hommes et des idées, des passions, des intérêts et des races, l’A.F. a perdu son unité politique. Mais elle a gardé son unité sentimentale et les haines communes qui soudent plus encore que les amours partagées. Dans l’Europe des vaincus, ajoute Brigneau, c’est la seule Eglise qui soit encore debout, une Eglise bombardée, sans évêque ni pape, une Eglise où les fidèles ne suivent plus les mêmes rites et n’ont plus les mêmes prières, mais une Eglise tout de même, fraternelle, chaude, vivante, vibrante de musique et de ferveur. »

    Superbe tableau ! Je crois que jamais rien n’a été écrit en peu de mots de plus profond et sans doute de plus vrai sur la vieille A.F. de ce temps-là, ce qui voudrait pour d’autres communautés fidèles. Et celui qui traçait ces lignes, il faut le souligner, n’avait jamais été maurrassien : « Je suis trop européen et pas assez romain », précisait Brigneau. Cela donne du prix à son témoignage. Ce qu’il dit ce cette « Eglise bombardée, sans évêque ni pape… mais une Eglise tout de même, fraternelle, chaude, vivante, vibrante de musique et de ferveur », suggère en moi comme une image de ce que j’ai appelé « le corps mystique » de ceux qui entrent en politique comme on entre en religion (Le Choc de l’Histoire) par opposition à ceux qu’attirent les ambitions de la politique, avec leurs contraintes cyniques ou sordides, souvent très éloignées de l’idéal.

    Revenons à François Brigneau. Il fut l’un des plus grands journalistes et pamphlétaires de sa génération contribuant par sa faconde pamphlétaire au succès de l’hebdomadaire Minute de la grande époque, qui tirait chaque semaine à 250 000 exemplaire sur la direction de Jean-François Devay. La richissime Mme Sinclair, épouse DSK, en sait quelques chose qui fit férocement condamner Brigneau pour une saillie assez peu méchante, dont elle aurait pu rire si l’humour et non la haine l’avait habitée.

    De fait, le bougre avait le rire  volontiers carnassier pour se moquer de ceux qu’il n’aimait pas. Tout en collaborant à la « grande presse » des années 1950-1960, France-Dimanche, Paris-Presse, L’Aurore et d’autres, il écrivait des romans noirs que n’aurait pas renié Michel Audiard. Ils lui valurent le Grand prix de la littérature policière en 1954 pour La Beauté qui meurt. Il s’offrit même le plaisir de provoquer une émeute de papier dans l’édition d’extrême gauche un an avant sa mort, quand les Editions Baleine rééditèrent en 2010 son Paul Monopol (1949) sous le titre rénové Faut toutes les buter. Un certain Didier Daeninckx (surnommé Didier Dénonce par Patrick Besson) en avala son encrier, ne voulant pas cohabiter avec un « écrivain fasciste », dont ce fut l’ultime pied de nez avant de tirer sa révérence.

    Dans un monde littéraire devenu terne, nombriliste et compassé, François Brigneau a longtemps fait passer l’esprit vif d’un anarchisme de droite qui se fait rare. Cela lui restera. Il a été inhumé au cimetière de Saint-Cloud en présence de quelques amis et sans service religieux. Tout comme sa femme Sabine, l’écrivain qui aimait bien le courage de Mgr Lefèvre, était resté pour sa part un fidèle mécréant.

    Dominique Venner (Le site de Dominique Venner, 24 avril 2012)

     

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